Rencontres sur le terrain, au ministère, nouveau calendrier... Le projet routier Clisson-Ancenis est relancé. Le président du Département est "déterminé" à le faire avancer.
Depuis un an, Philippe Grosvalet, président du Département, rencontre les élus des territoires de Loire- Atlantique. La tournée permet au président du Département d'échanger, d'approfondir les sujets, “d'améliorer les connaissances des territoires, leurs besoins, leurs projets". Parmi les thèmes abordés: la maison de retraite, la mobilité et la nécessité de relancer un service de transports pour desservir la gare du Pallet. A Val- let, pays que le président du Département a visité la semaine dernière, il y a un sujet qui a été particulièrement discuté avec l'ensemble des élus de la communauté de communes.
C'est celui du projet routier structurant qui doit relier Clisson à Ancenis. Pour rappel, un fuseau de 17 km passant à l'est de Mouzillon et Vallet avait bien été validé. Mais le projet est dans l'impasse suite à l'avis du ministère de l'Agriculture de revoir la copie. Le projet routier de 2X2 voies avait été jugé trop gourmand, avalant de nombreuses terres viticoles de qualité. A l'arrêt jusqu'au printemps 2011, élections cantonales obligent, le Département a réactivé le dossier il y a un an. Rencontre avec les élus, affichage du fuseau dans les mairies, le conseil général a même répondu à la demande du ministère de l'Agriculture d'étudier un autre fuseau, plus à l'est, passant dans le département du Maine-et-Loire. Sur cette question, Philippe Gros- valet a donné un premier éclairage, la semaine dernière. Le président du département de Loire-Atlantique a rencontré ses homologues de Vendée et du Maine-et-Loire. Le voisin angevin n'a laissé aucune porte ouverte. "Le Maine-et-Loire ne veut pas que cette route passe sur son territoire", explique Philippe Grosvalet. Reste "le fuseau tel qu'il a été défini", ajoute le président du conseil général. Un fuseau, et non encore un tracé, qui a été sérieusement retouché.
Par rapport au projet initial, le fuseau actuel a en effet connu une cure d'amaigrissement. De 2 X 2 voies, le projet inscrit au schéma routier départemental a été revisité en une 2X1 voie avec des carrefours à niveau. L'adaptation permet "d'économiser les ressources foncières, financières et naturelles”, souligne Philippe Grosvalet. L'économie est de 30 % rien que sur la partie foncière. Le fait de réduire l'emprise a un autre intérêt. Cela laisse "un peu plus de souplesse" pour dessiner le futur tracé. Moyen pour les services techniques d'épargner des clos de vignes de qualité. Et de voir "s'il y aura des zones dépassement ou pas".
Dans ce dossier, véritable serpent de mer, le président du Département a fait deux autres annonces. Un, le calendrier. On en sait plus sur les prochaines
étapes. Une fois le schéma routier voté en juin, le Département souhaite d'abord lancer une étude avec l'INAO et le SDAOC cet été "pour renforcer la connaissance des secteurs les plus
qualitatifs". Puis lancer une phase de concertation en septembre et de présentation à la population. Avant de "réenclencher «en fin d’année 2012 la demande d'avis
du ministère
de l'Agriculture. Le Département entend rencontrer et défendre le pro près du nouveau ministre de l'Agriculture. Le gouvernement à gauche pourrait prêter
plus l'oreille au projet du conseil général de la même couleur politique. D'autant que parmi les candidats au ministère, on parle d'un certain Stéphane Le Foll. Un proche de François Hollande
qui connaît bien le vignoble pour l'avoir visité à plusieurs reprises. En attendant, pour la première fois publiquement, Philippe Gros- valet a rappelé "la détermination du conseil
général de faire aboutir ce dossier". "Le projet, a-t-il ajouté, ira à son terme. Il y a un moment où l'intérêt général doit prévaloir.
D'autant qu'il est défendu partout par les élus locaux, les décideurs économiques et les usagers." Tous ? Non. Franck Nicolon adjoint à la ville de Clisson s'est prononcé contre le
schéma routier départemental. L'élu écologiste est opposé à une route, "futur grand périphérique destiné à desservir le grand aéroport international de
Notre-Dame-des-Landes”.
A Vallet, les élus se sont dits "heureux" de voir la détermination du conseil général. "Cela fait quinze ans qu'on en parle. Non seulement cette route est un facteur de réduction de nuisances sonores pour Mouzillon. Mais sans ce projet, la communauté de communes de Vallet aura des difficultés à se développer", ont commenté les différents maires du territoire.
Le Collectif d’Opposants appelle à une concertation locale
Le Collectif contre Ie contournement sud-est de Nantes prend acte de Ia nouvelle échéance fixée par le président du conseil général. Mais souhaite réunir les différents acteurs du Vignoble pour débattre de Ia pertinence du projet.
Le moment choisi par Philippe Grosvalet pour faire son annonce fait doucement sourire Lucien Blanchet. Juste après le second tour de la présidentielle et la victoire de François Hollande. .. “Ça veut dire, estime le président de l'Association de sauvegarde des intérêts Mouzillonnais (ASIM), que le conseil général va demander au ministre de l'Agriculture, si la gauche a la chance d'avoir la majorité au Parlement après les législatives, de revenir sur sa décision", de ne pas autoriser le tracé pour l'instant retenu, à l'est de Mouzillon et Vallet. “Mais le ministère va-t-il suivre ? Habituellement, les services ne reviennent pas sur ce genre de décisions...
"Pour faire valoir sa demande de réexamen, le conseil général pourrait mettre en avant le contexte de la Viticulture locale, engagée dans une réduction des surfaces. “Le problème, c'est que certains viticulteurs vont vouloir se débarrasser de leurs vignes, alors que leurs voisins ne veulent pas. D'autant que le terroir est très qualitatif. On veut profiter des difficultés de la Viticulture pour les assommer un peu plus", met en garde Lucien Blanchet, qui appelle le syndicat de défense de l’appellation muscadet à tenir son rôle : “Le SDAOC a des mandants. Et ses mandants lui ont dit qu'ils ne voulaient pas de cette route». Pour le président de l'ASIM, et son homologue de l'ADVE (Association de défense des vallées est), Alain Esseau, réunis au sein du Collectif contre le contournement de Nantes sud-est, la solution réside toujours dans l’aménagement de l'axe actuel, ponctué de déviations locales pour la traversée des bourgs entre Clisson et Ancenis. C’est selon eux le seul moyen de limiter les nuisances. Quel que soit le trace retenu pour la nouvelle route, “il y aura toujours un impact très important sur les riverains. Aucun couloir n'épargne totalement les villages", indique le Valletais Alain Esseau.
“Concertation locale”
Les deux hommes dénoncent le manque de concertation de la part du conseil général. Une seule réunion rassemblant tous les acteurs a eu lieu le 23 mars. “Il y avait tout le monde, élus, chambres consulaires, viticulteurs... Mais les associations n'étaient pas invitées". Le collectif a reçu un courrier, en date du 21 avril, signée de la main d'Yves Daniel, vice- président du conseil général en charge des routes, les informant que la période de concertation, qui devait débuter en avril, selon un calendrier fixé en octobre dernier, était repoussée “au mieux à la fin de l'été ou à l'automne prochain", peut-on lire. Mais les opposants n'attendent pas grand-chose de cette concertation. “On nous invite à des réunions pour nous annoncer des choses. On nous écoute, mais on ne nous entend pas”. Ayant l'impression que le Département dicte la marche à suivre, "avec un double, triple voire quadruple langage selon les interlocuteurs", ils appellent les acteurs locaux a prendre leur destin en main. “On pourrait avoir une concertation au niveau local, entre les élus, le SDAOC, les associations, pour débattre. Pour l'instant, le conseil général nous impose, mais on ne débat pas.
".
« Aller sur le terrain serait un bon début »
L'Hebdo de Sèvre et Maine : Le Département a annoncé sa détermination de voir le projet aboutir. Quelle est la position
de la filière viticole ?
Joël Forgeau,président du SDAOC muscadet : La dernière fois que l'on a rencontré le conseil général, on a jugé le calendrier trop ambitieux. Sur ce dossier tellement tordu, les viticulteurs demandent juste de la clarté. Et d'aller sur le terrain. Ce serait déjà un bon début. On dit non à quelque chose que l'on n'a pas vu. On privilégie le travail de fond. Et on demande qu'il se fasse avec l'ensemble des acteurs : viticulteurs, industriels, artisans, riverains... C'est un travail long. Mais on a l'habitude. On le fait déjà dans le cadre des plans locaux d’urbanisme. L'analyse sur le terrain, c'est la seule manière de voir la valeur îlot par îlot. Pour l'instant, ce travail n'a jamais été fait. On nous montre des plans. Nous, on veut regarder le dossier dans son ensemble. On souhaite que le syndicat de défense d'appellation, avec l'INAO et la viticulture, aille avec les services du conseil général sur le terrain. Ce travail, on n'a pas commencé à le faire. A partir du moment où on pourra l'entamer, alors on pourra caler un calendrier. Pour l'instant, on n'arrive pas à s'entendre.
HSM: Le fait qu'il y ait un nouveau ministre de l'Agriculture et un changement de gouvernement peut-il changer la donne ?
J. F. : Il y a une loi qui protège les appellations. Depuis 1990 les gouvernements de droite et de gauche se sont succédés. Jamais un ministre de l'Agriculture n'a déjugé une décision du ministère. Et fort heureusement sur le fond. Je ne vois pas par quel miracle ça pourrait l'être.
Dossier Réalisé par Hervé Pavageau et Cedric Paquereau
Viticulture
Joël Forgeau rempile pour trois ans à la tête du muscadet
La semaine dernière, Joël Forgeau a été élu président du syndicat de l'appellation muscadet. Le viticulteur de Mouzillon entame son deuxième mandat à la tête du conseil d'administration recomposé pour moitié.
Ce ne sont pas les noms qui se bousculaient au portillon. Sans surprise, Joël Forgeau, seul candidat, a été élu par le conseil d'administration président du SDAOC muscadet, la semaine dernière. Le viticulteur du village de la Rouaudière, à Mouzillon, entame un nouveau mandat de trois ans. Le précédent, miné par la crise, a épuisé les forces. “Il y a eu trois années difficiles à gérer avec le déclassement, l'arrachage... Moi, j'ai toujours dit que je repartais s'il y avait une équipe..." Le nouveau conseil d'administration du muscadet est là. Renouvelé pour moitié, l'outil politique de l'appellation est composé de quatre vice-présidents - Hervé Choblet (Bouaye), Véronique Gun ther-Chereau (Saint-Fiacre), Carmen Suteau (Barbechat) et Christophe Vilain (Le Loroux-Bottereau) -, d'une secrétaire - Anne Luneau (La Chapelle- Basse-Mer) -, et d'un trésorier - Christian Gauthier (Saint- Hilaire-de-Clisson).
Deux dossiers "importants et urgents" attendent la nouvelle équipe. Le premier, c'est le repositionnement du muscadet, "afin d'améliorer sa lisibilité". Le sujet présenté à la filière lors de l’assemblée générale a été débattu dans les différents cantons.
Parmi les pistes, il y a la volonté de rendre l’entrée de gamme plus aromatique. Reste à finaliser le chantier et à écrire le cahier des charges pour juin prochain. Le second dossier entamé dès la semaine prochaine s'annonce plus délicat. Puisqu'il engage le négoce. Le syndicat du muscadet veut développer les contrats pluriannuels de 3 à 5 ans. L'idée est de proposer un cadre, sous la forme d'un groupement, d'une association qui reste à définir, aux viticulteurs qui apportent moûts et raisins aux vendangeoirs. Contrats dans lesquels sont négociés les volumes, mais aussi les prix. "Au viticulteur à qui l'on propose un contrat pluriannuel, on lui demande la superficie qu'il veut mettre. Pour le reste, il n'a pas la main. Là, il s'agit de faire un vrai contrat de partenariat avec le négoce qui tienne compte des frais, d'un prix fixe. Ça change le rapport de force", souligne Joël Forgeau. Le syndicat, qui n'a pas pu entamer ce chantier lors du précédent mandat, en raison du déséquilibre du marché, va réunir les viticulteurs pour avancer sur le dossier.