Le ministre de l'Agriculture demande au Département de revoir sa copie. Le dossier ressortira après les élections.
En l'absence d'étude de fuseaux plus à l'Est et compte tenu de la gravité des impacts du tracé Est sur le vignoble, j'émets un avis défavorable à ce projet. »Ainsi se termine la lettre signée Bruno Le Maire, adressée en date du 5 février au président du conseil général de la Loire-Atlantique. Le ministre de l'Agriculture s'oppose au projet de liaison structurante entre Ancenis et Clisson voté en octobre par l'assemblée départementale. Pas vraiment une surprise...
Pour faire simple, le ministère critique les conséquences du tracé sur le Vignoble nantais et ses producteurs. Il note que « les fuseaux proposés porteraient atteinte à l'aire et aux conditions de production de l'AOC muscadet Sèvre et Maine. De plus, l'impact paysager des ouvrages d'art coupant les paysages viticoles porterait atteinte à l'image et à l'attrait touristique et oenotouristique des vignobles concernés. » Voilà pour l'essentiel. Par la voix de son vice-président en charge du dossier, Bernard Deniaud, le Département « prend acte ». « Ce n'est qu'un avis. Derrière, le maître d'ouvrage, en l'occurrence le conseil général, est en droit d'en tenir compte ou non. » Seulement le Montbertain sait bien que la position du ministère pèsera lourd à l'heure de l'enquête publique.
« Pas un caprice du Département »
Alors que faire ? La collectivité se laisse le temps d'y réfléchir. « Avec l'ensemble des maires du Vignoble (Ndlr : toutes sensibilités politiques confondues) et le député, nous nous sommes mis d'accord pour laisser passer les élections régionales avant d'envisager une solution d'un meilleur compromis. » Mais dès hier, réunis à Vallet, tous ont réaffirmé « la nécessité d'une infrastructure routière sur ce territoire ».Une position « unanime et libre » a cru bon de préciser le Clissonnais Jean-Pierre Coudrais : « Les maires ne sont pas soumis au conseil général. » Patrick Baleydier confirme : « Je rappelle que chaque jour Mouzillon est traversé par 12 000 véhicules. Cette route, nous en avons besoin. Ce n'est pas un caprice du Département. »
Pas de tracé en Maine-et-Loire
Autre point sur lequel le conseil général ne reviendra pas : un tracé sur le Maine-et-Loire. Quand le ministre de l'Agriculture considère comme « nécessaire »l'étude de plusieurs fuseaux « plus à l'Est », Bernard Deniaud répond : « La question a déjà été maintes fois évoquée : à plusieurs reprises, le Maine-et-Loire s'y est opposé. D'ailleurs, cette solution ne répondrait pas au trafic aujourd'hui imposé à Mouzillon, Vallet et La Boissière. »Pour conclure, maires du Vignoble et élus du Conseil général préviennent : « On ne sacrifiera pas la viticulture et son économie mais il faut aussi tenir compte des autres paramètres sociétals. L'avis du ministère, lui, se borne à la problématique viticole... »
Rémi Certain
« Pas le fanfaron »
Joël Forgeau, président du SDAOC, s'exprimera dimanche lors du concours des vins à Vallet. « Je ne fanfaronne pas : cela fait 11 ans que les instances viticoles répètent la même chose : un tel projet n'est pas concevable dans le Vignoble nantais. Le conseil général se demande encore comment il fera rebondir le dossier. Je dis stop ! Et remettons-nous autour de la table en faisant ce que l'on sait tous faire pour économiser la terre : des déviations de bourgs. »
Quel est le problème, cette année, pour les routes du département ?
Le conseil général est confronté à une réduction de ses ressources. Il a dû procéder à des arbitrages, privilégiant le social, les collèges et les aides aux communes. Cela se traduit par une réduction de 10 % des investissements routiers, soit 6 à 7 millions d'euros en moins.
Quels critères avez-vous utilisés pour votre sélection de projets routiers 2010 ?
C'est simple, les 13 millions dont nous disposons pour investir dans des chantiers nouveaux sont absorbés par six marchés déjà dans les tuyaux. La sélection, n'a rien de politique. Il n'y a pas eu de prime aux élus de la majorité. Sur cette base strictement comptable, le passage à niveau de Pontchâteau, la déviation Est de Carquefou, et les travaux sur l'axe Ancenis-Maine-et-Loire, route de Candé, ne sont pas au programme 2010. Nous aurions pu emprunter pour les lancer, mais nous ne savons pas quelles seront, par la suite, nos capacités de remboursement. C'est donc un budget vérité. Je signale que nous participons par ailleurs au lancement du chantier de la ligne ferroviaire Nantes-Châteaubriant.
La sécurité et le niveau d'entretien du réseau routier vont-ils reculer ?
Non, car nous ne baissons pas la garde sur l'entretien du réseau existant. Nous avons ainsi de très gros programmes sur les ponts de Saint- Nazaire et d'Ancenis. Le remplacement ,des câbles porteurs du tablier va commencer pour le pont d'Ancenis. C'est un chantier de trois ans.
À Saint-Nazaire, il s'agit de renforcer les viaducs d'accès, et conforter les piles nord. Le système de gestion dynamique des voies sera mis en service cet été.
Les chantiers gelés démarreront ils ?
Il n'y a aucune certitude. Sauf si en juin on constatait une augmentation des droits de mutation que nous touchons sur les transactions immobilières. Dans cette hypothèse, je me tiens prêt. Ce ne sont ni les projets, ni les entreprises pour les réaliser qui manquent. Mais...
Qu'en pensent les entreprises de travaux publics ?
Je viens d'être contacté par un groupement de transporteurs qui sous-traitent avec le bâtiment. Ils ont remarqué que, depuis trois mois, le Département n'a lancé aucun appel d'offres pour des travaux routiers. De façon générale, l'avenir des finances locales inquiète les entreprises. Elles ont bien compris qu'avec la réforme de la taxe professionnelle, nos capacités d'investissement ne seront plus les mêmes qu'avant
Marc LEDUC OF 4/01/10